Newsletter #002
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Actualité
– Le site internet de la FSSCR a été entièrement revu du coté technique. Vous y avez un profil accessible par mot de passe.
– La Journée Unistem a été un franc succès. Retour sur cette journée dédié aux lycéens.
– La FSSCR a un an! Pour les chiffres de cette première année (comptabilisés à 11 mois) c’est par ici!
– À quoi ressemble le travail d’un chercheur en cellules souches? Ce WebDoc a quelques réponses
Lecture
Phase 1 clinical study of an embryonic stem cell-derived retinal pigment epithelium patch in age-related macular degeneration.
Da Cruz Lyndon, Nat Biotechnol. 2018
Cet article décrit les résultats du premier essai clinique de phase I utilisant un patch de cellules de l’épithélium pigmentaire dérivées de cellules souches embryonnaires humaines chez deux patients atteints de dégénérescence maculaire lié à l’âge. Les résultats présentés dans cette étude sont très prometteurs à la fois en termes de sécurité, tolérance et bénéfice.
Haploinsufficiency leads to neurodegeneration in C9ORF72 ALS/FTD human induced motor neurons
Peu de choses sont encore connues sur les mécanismes physiopathologiques impliqués dans la sclérose latérale amyotrophique, qui est considérée comme la plus fréquente des maladies du motoneurone. Dans cette étude, Shi et al., démontrent le potentiel offert par les cellules souches induites à la pluripotence pour mieux appréhender les mécanismes impliqués dans la dégénérescence des neurones moteurs observée dans les formes familiales de sclérose latérale amyotrophique associées aux mutations dans le locus C9ORF72. Sur la base de cette recherche mécanistique, les auteurs ont pu ainsi identifier de nouvelles pistes thérapeutiques pour cette maladie encore incurable. En particulier, des molécules connues pour moduler le recyclage vésiculaire semblent à la fois in vitro et in vivo présenter un intérêt thérapeutique.
Medical and ethical considerations on hematopoietic stem cells mobilization for healthy donors.
Moalic-Allain V., Transfus Clin Biol. 2018
Depuis maintenant de nombreuses années, les greffes allogéniques de cellules souches hématopoïétiques (CSHs) sont utilisées pour traiter des hémopathies d’origine génétique, acquise, des leucémies. A l’origine ces CSHs étaient triées à partir de prélèvements de moelle osseuse. Depuis quelques années, cette méthode est largement remplacée par une aphérèse suite à une injection de fortes doses de G-CSF, par exemple, conduisant à une mobilisation en masse des CSHs du donneur vers le sang périphérique. Une pratique qui n’est pas sans risque pour le donneur et qui pose problème aux cliniciens. Cet article aborde avec des cas précis les questions de toxicité potentielle des produits utilisés, des effets secondaires et des problèmes éthiques que cela soulève
The Transcriptionally Permissive Chromatin State of Embryonic Stem Cells Is Acutely Tuned to Translational Output.
L’ouverture de la chromatine et l’hypertranscription sont caractéristiques des cellules souches embryonnaires pluripotentes. Elles sont indispensables à leur multiplication rapide et leur capacité illimitées d’autorenouvellement. Dans un article publié dans Cell Stem Cell, Bulut-Karslioglu et collaborateurs montrent que les cellules souches embryonnaires pluripotentes se caractérisent aussi par une hypertraduction des ARNm en protéines, en complément de l’hypertranscription. Cette hypertraduction est nécessaire au développement de l’embryon préimplantatoire et à l’autorenouvellement des cellules souches pluripotentes. Les auteurs montrent également qu’ouverture de la chromatine, hypertranscription et hypertraduction sont interdépendants. Ils suggèrent qu’il s’agit d’un mécanisme universel utilisé par toutes les cellules souches.
Concise Review: Assessing the Genome Integrity of Human Induced Pluripotent Stem Cells: What Quality Control Metrics?
Assou S, Bouckenheimer J, De Vos J. Stem Cells. 2018 Feb 14. In Press
Les très nombreuses applications des cellules souches pluripotentes induites humaines (iPSC) reposent sur une conservation fidèle du patrimoine génétique de la cellule de départ et donc la reproduction in vitro ou in vivo d’un phénotype précis. Cependant, les iPSC peuvent développer des anomalies génétiques du fait de la reprogrammation ou de leur culture cellulaire prolongée, ce qui compromet le phénotype des cellules de ces iPSC anormales. Cette revue fait brièvement le point sur les anomalies génétiques des iPSC, et tente surtout de répondre aux question pratiques qu’elles soulèvent pour un usage en laboratoire ou en clinique des iPSC: quelles méthodes utiliser pour détecter ces anomalies, à quelle fréquence, et quelle décision prendre en fonction de l’acceptabilité des anomalies découvertes?
From haematopoietic stem cells to complex differentiation landscapes.
Laurenti E, Göttgens B., Nature. 2018
Une revue intéressante des différentes propriétés des cellules souches et des progéniteurs. Cette revue incorpore des concepts récents tels que les propriétés métaboliques des cellules, la variabilité des voies de différenciation dans les différents lignages et le rôle des progéniteurs dans le maintien de l’hématopoïèse en condition d’homéostasie.
Cellular Pliancy and the Multistep Process of Tumorigenesis.
Puisieux A, Pommier RM, Morel AP, Lavial F., Cancer Cell. 2018
Un point est fait sur cette notion assez récente de Cellular Pliancy, l’initiation de l’oncogenèse et la différentiation cellulaire. Cette revue met en exergue que chaque stade de la différentiation cellulaire est associé avec une susceptibilité spécifique à la transformation maligne, et illustre son propos par des exemples probants de tumeurs pédiatriques survenant dans de courts délais et des tumeurs adultes de différents organes survenant plus tardivement, avec des processus de transformations différents selon la cellule d’origine transformée, et un processus de reprogrammation cellulaire contexte-dépendant nécessaire et préexistant à la transformation oncogénique en cas de cellule d’origine plutôt différenciée. Ce concept donne un éclairage original et pertinent à l’initiation de la carcinogenèse en le liant clairement au processus de différentiation/reprogrammation des tissus, avec un focus particulier sur le rôle de TP53 dans la reprogrammation cellulaire.
Regulation of embryonic haematopoietic multipotency by EZH1.
Cet article aborde le problème fondamental des différences programmatiques de différenciation au cours de l’ontogenèse de l’hématopoïèse. En effet les cellules hématopoïétiques les plus primitives apparaissant dans l’embryon dans le sac vitellin n’ont pas de capacité souche alors que les cellules souches proprement dites se développent plus tard dans l’aorte primitive. Le programme embryonnaire primitif parait être également celui des cellules souches pluripotentes différenciées ex vivo en cellules hématopoïétiques. Les auteurs montrent que la répression du facteur épigénétique polycomb Ezh1 restaure ou amplifie la capacité souche des cellules du sac vitellin, de la splanchnopleure para-aortique et de l’aorte primitive. Des études du transcriptome et de l’épigénome indiquent les gènes responsables de l’activation du potentiel souche.
A molecular roadmap for the emergence of early-embryonic-like cells in culture.
La plasticité cellulaire est la capacité d’une cellule à fabriquer différents types de cellules. L’ovocyte fécondé, appelé zygote, et les cellules issues des tous premiers stades de développement sont totipotentes, c’est à dire qu’elles conservent la capacité de se différencier au cours du développement en cellules embryonnaires et extra-embryonnaires. Les cellules pluripotentes ne sont pour leur part capables de donner lieu qu’au tissu embryonnaire. L’étude des cellules souches pluripotentes in vitro permet de modéliser et mieux comprendre les mécanismes régulant cette plasticité cellulaire. De nombreuses études passées ont tenté d’isoler et de cultiver des cellules totipotentes in vitro, avec des succès mitigés. Le travail de l’équipe du Dr Torres-Padilla a consisté à identifier et isoler parmi les cellules pluripotentes in vitro certaines rares cellules qui ont conservé leur plasticité maximale (totipotence). Grâce à cette approche élégante, elle a ainsi pu comparer les profils d’expression génique et l’état épigénétique des cellules pluripotentes et totipotentes et identifier certains facteurs responsables du maintien épigénétique de cet état cellulaire, ceux-ci intervenant notamment dans les mécanismes de compaction chromatinienne. Cette étude permet ainsi de mieux décrire le “chemin” épigénétique emprunté par les cellules totipotentes jusqu’à leur stade différencié ultime.